Bois cette tasse de ténèbres, et puis dors.
Nous prendrons ta misère ainsi qu’une couronne
et nous la porterons aux jardins de la mort.
Alors toi, comme un somnambule qui frissonne,
te glissant par la porte où ne passe personne,
tu t’en iras cueillir le myrte aux rameaux d’or.
Son éclat et celui de la rouge anémone,
dans la nuit rajeunie, te guideront aux bords
de la vraie vie et du pur accomplissement.
Là les songes sont sûrs, terribles et puissants.
Par le bleu matinal d’un éternel demain
ils viendront tous à ta rencontre, âme guérie,
et tu reconnaîtras, se tenant par la main,
tes grandes sœurs: Amour, Liberté, Poésie.
Jean Cassou, Trente-trois sonnets composés au secret
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